"Je me souviens": Lumumba dans la poésie diasporique africaine, de René Depestre à Langston Hughes

Annotation: 

 

Dans cet article, j'examine l'opposition entre l'expansion maximale et minimale de l'image, auréolée d'accents hagiographiques, du premier ministre assassiné, Patrice Lumumba. De l'énoncé-épigraphe de Perec à la seule phrase: "La mort d'un tribun faisait plus que ces discours" de Glissant (L'Intention poétique 157) aux "Tombeaux Lumumba" de deux des plus grands poètes haïtiens, René Depestre et Jean Métellus, la popularité de l'icône de l'indépendance varie singulièrement. Du différend antillais à la spécularité des douleurs entre le Congo et Haïti, le sixième "pilier de l'innocence" est, sous la plume de Depestre, un esprit vaudou d'origine congolaise, Simbi. C'est la loa qui ramène le corps démembré dans les îles vertes de la Caraïbe, qui seront sa dernière demeure. La gémellité Ayiti-Kongo est donc illustrée par la sixième flamme de ce candélabre panafricain chanté par Depestre, Lumumba. Ce dernier est relié et relayé aux autres branchements, surtout au premier, Makandal. Par les "sept piliers," la métaphore du branchement, défendue par l'anthropologue Jean-Loup Amselle, trouve sa pleine signification: Depestre montre l'interconnexion des "cultures" diasporiques et le besoin universel de célébrer la mort d'un Juste.

Reference: 

 

Gyssels, Kathleen. ""Je me souviens": Lumumba dans la poésie diasporique africaine, de René Depestre à Langston Hughes." Nouvelles Études Francophones, vol. 32 no. 1, 2017, pp. 128-143. Project MUSE, doi:10.1353/nef.2017.0012