CRABBE (Gédéon)

CRABBE, Gédéon (Josse dit ~) (Molenbeek-Saint-Jean, 20 août 1810 – Etterbeek, 14 juillet 1868), voyageur naturaliste,  jardinier fleuriste

« Gédéon » Crabbe naît dans un milieu modeste, quoique lettré. Son père, François-Charles, comme son grand-père avant lui et son frère plus tard, est à la fois jardinier et le sacristain de l’église Saint-Jean-Baptiste de Molenbeek-Saint-Jean. Sa mère, Marie Knop, est ouvrière. La maison familiale est proche d’un grand jardin de la famille Vandermaelen, acquis en 1816 et où sera construit en 1830 l’Etablissement géographique de Bruxelles. En novembre 1830, sa famille ayant déménagé à Asse, Crabbe s’installe chez Joseph Verdickt (1808-1879), qui est le jardinier des Vandermaelen depuis 1825. Il travaille alors dans les jardins et les serres de l'Etablissement, riches plantes exotiques. Parallèlement il suit l’enseignement gratuit organisé par le fondateur de l’institution, le cartographe Philippe Vandermaelen (1795-1869). Le jeune homme y bénéficie des cours de sciences naturelles dispensés par le docteur François-Joseph Meisser (1793-1867), futur professeur à l’Université libre de Bruxelles. Il y suivra également les cours de dessin.

En 1832, les frères Vandermaelen décident de l’envoyer en expédition au Brésil, en binôme avec le jeune Français Achille Deyrolle (1813-1865), fils du préparateur taxidermiste du Musée de Bruxelles, également formé à l’Etablissement mais plutôt à la zoologie. Le duo embarque au Havre en décembre 1832 sur le brick Les Jumeaux et atteint Rio de Janeiro le 8 mars 1833. Après seize mois passés à quadriller la province de Rio en récoltant plantes et animaux, les deux jeunes naturalistes quittent le Brésil au début de juillet 1834 et arrivent à Anvers au début du mois d’octobre. Dans les cales du bateau, trente-six caisses de plantes et dix autres contenant divers objets d'histoire naturelle. On en sort des orchidées et des palmiers, des oiseaux, des papillons et des insectes, mais aussi des arcs et des flèches indigènes, des souliers brésiliens, qui viennent enrichir les collections ethnographiques de Vandermaelen. Ces caisses étaient le produit des derniers mois de leur expédition. D’autres objets avaient été expédiés, les premiers étant arrivés à Bruxelles en décembre 1833. L’une des orchidées récoltées par Crabbe, conditionnées et envoyées vivantes à Bruxelles, avait fleuri à l'Etablissement ; elle avait été présentée sans dénomination à l’exposition de la Société de Flore en juillet 1834 et avait remporté le prix destiné à la plante la plus rare de l'année. Le botaniste Barthélemy Dumortier (1797-1878) la nomma Maelenia Paradoxa en l'honneur des deux frères Vandermaelen.

De retour à Bruxelles, Gédéon Crabbe réintègre l'Etablissement, principalement chargé des soins à apporter aux plantes tropicales. Vers le début des années 1840, il prend son indépendance. Il s’installe à Ixelles. Il a fondé une famille, est jardinier-fleuriste et tient commerce au début de la chaussée de Wavre, quartier proche de la Porte de Namur qu’on appelait le Petit-Paris. Il maintient ce commerce au moins jusqu’en 1857, tout en travaillant très vraisemblablement pour Linden au Jardin zoologique, fondé en 1851 dans le quartier Léopold. Le fameux horticulteur Jean Linden (1817-1898), auteur lui-même de plusieurs expéditions horticoles au Brésil et dans les régions tropicales de l’Amérique, assumait la direction horticole et botanique du Jardin zoologique. Il y avait transféré son riche établissement, dans une maison et des serres mises à sa disposition par la Société royale de zoologie, d'horticulture et d'agrément de la Ville de Bruxelles. C’est très probablement dans ce milieu particulièrement consacré à l’introduction des plantes nouvelles que Crabbe fit valoir son savoir-faire. Le jardinier fleuriste vivait à proximité immédiate du parc Léopold, d’abord chaussée de Wavre, côté Ixelles, ensuite chaussée d’Etterbeek, côté Etterbeek. C’est dans cette maison jouxtant le parc qu’il meurt, le 14 juillet 1868, à l’âge de 57 ans.

Marguerite Silvestre
Bibliothèque royale de Belgique, Cartes & Plans
24 avril 2014
marguerite.silvestre@kbr.be

Orchidée récoltée au Brésil par Crabbe et Deyrolle en 1833 © KBR ST 71 9

 

Sources inédites et archives

  • Archives de la commune d'Etterbeek, Recensement 1856 ; Recensement 1867 ; Etat civil.
  • Archives de la commune d'Ixelles, Recensement 1846 ; Recensement 1851.
  • Archives de la commune de Molenbeek-Saint-Jean, Etat civil ; Population.
  • Archives de la ville de Bruxelles, Passeports à l’étranger, 1832.
  • Bibliothèque royale de Belgique (KBR), Bruxelles, Cartes & Plans, Fonds VDM 2622.
  • Catalogue de l’ethnographie commencé en juillet 1839, [Etablissement géographique de Bruxelles, 1839-1889], Collection Gilbert de Cauwer.

Sources imprimées

  • Drapiez (A.), Notice sur l’Etablissement géographique de Bruxelles, Bruxelles (nombreuses éditions), 1836-1865.
  • Dumortier (B.C.), Notice sur le genre maelenia de la famille des orchidées. Lue à la séance du 22 novembre 1834, Bruxelles, 1835, 14 p., pl. (Nouveaux mémoires de l'Académie royale des sciences et belles-lettres de Bruxelles, tome 9).
  • Le Phare, 7 et 9 octobre 1834 ; Le Courrier, 18 octobre 1834 ; Journal de la Belgique et L’Indépendance, 19 octobre 1834.

Travaux scientifiques

  • Silvestre (M.), Autour de Philippe Vandermaelen. Répertoire biographique des collaborateurs de l’Etablissement géographique de Bruxelles et de l’Ecole Normale, Bruxelles, Bibliothèque royale de Belgique, 2014.
  • Silvestre (M.), L’Etablissement Géographique de Philippe Vandermaelen. Histoire de la première entreprise cartographique et scientifique de la Belgique indépendante, Bruxelles, Bibliothèque royale de Belgique, 2015.

 

Undefined
Tomaison: 

Biographical Dictionary of Overseas Belgians