THIENPONT (Denis)

THIENPONT, Denis, Cyriel, Irène, Corneel (Merelbeke, 12 mai 1917 ─ Turnhout, 4 novembre 1985), vétérinaire, parasitologue.

Denis Thienpont, fils de De Vos, Léon et de Mathilde, naquit et grandit à Merelbeke, en milieu agricole. Dès son plus jeune âge, il décida qu'il ne serait pas fermier mais vétérinaire. Et c'est à vélo que, quotidiennement, traversant les campagnes, il se rendait à Gand à l'athénée royal avant d'intégrer, en 1935,  l'Ecole vétérinaire de la Rijksuniversiteit Gent. A partir de 1938, il devint élève-assistant du Prof. Geurden, microbiologiste, et en collaboration avec celui-ci, publia son premier article intitulé “Verdere onderzoekingen over de zogenaamde Streptococcen infecties der kanarievogels”. Suivirent encore deux publications sur les Salmonella.  Il obtint son diplôme en 1941, non sans problème. Il avait en effet eu l'occasion d'effectuer un stage chez un vétérinaire toulousain et on eut toutes les peines du monde à le faire revenir pour présenter les examens de fin d'étude qui firent de lui le plus jeune docteur en médecine vétérinaire de sa promotion. Après l'obtention de son diplôme, en 1941, il travaille à l'abattoir de Gand jusqu'en 1944, comme assistant, pour assumer ensuite de 1944 à 1945 le poste de directeur de l'abattoir de Courtrai. La guerre d'abord et le désir de s'expatrier ensuite font qu'après avoir obtenu le diplôme de médecine vétérinaire tropicale en juin 1944, à l'Institut de Médecine tropicale d'Anvers, il part pour le Congo belge et devient directeur du service de zootechnie du Centre d'élevage de Jean Van Gijsel à Pepa dans les montagnes Marungu (Katanga). Il y assume la surveillance d'un troupeau de dix mille têtes de bétail.

C'est à cette époque qu'il rencontre sa future épouse Jeanne Van den Brande, qui est issue d'une famille de coloniaux installés dans le nord du Katanga. De cette union naîtront cinq enfants.

En 1949, il entre dans la Fonction publique et est tout d'abord affecté en tant que vétérinaire à Usumbura pour être ensuite nommé responsable du secteur de Nyanza. C'est la parasitologie vétérinaire qui le passionne. En 1951, il suit une formation Training in Parasitology à Neuchâtel  dans le laboratoire du Prof. Baer. Il effectue en 1952 des séjours en Tanzanie et en Ouganda dans les East African Tse Tse Fly  Research Stations (Dr Willett & Dr Jackson).

En 1952, il est nommé directeur de la section vétérinaire du « Groupe Scolaire » à Butare, chargé de former des assistants-vétérinaires.  Son expérience de terrain alliée à des connaissances que l'on pourrait qualifier d'encyclopédiques en font un enseignant hors pair. Ayant la photographie pour hobby, il s'équipe de documents iconographiques pour illustrer ses cours. Il transforme d'autre part cette section qui, à l'origine, n'avait pas de locaux propres en un spacieux dispensaire constitué d'un laboratoire avec des possibilités d'hébergement pour les animaux malades. Il va y annexer une ferme, des champs expérimentaux ainsi qu'une zone d'élevage.

L'annuaire de 1956 (Jaarverslag van de School voor Veterinaire Assistenten) nous donne un aperçu des pathologies traitées. Citons entre autres diverses verminoses, la trypanosomiase, l'anaplasmose, la theileriose, la  piroplasmose, la babesiose, l'actinomycose, la brucellose, la tuberculose, etc. On y mentionne les nombres  annuels impressionnants de 2 343 nouveaux cas pris en charge dans la clinique pour le bétail et les petits animaux domestiques,  de 1 867 jours d'hospitalisation et une moyenne de dix-neuf consultations par jour.

Il publiera pas moins de quarante articles durant les neuf années où il restera en poste à Butare.

En 1959, D. Thienpont entreprend les démarches  pour avoir l'autorisation de former des vétérinaires et non plus de simples assistants mais cet objectif ambitieux ne sera pas encouragé et, par conséquent, ne se réalisera pas.  En 1961, déçu, il décide de rentrer en Belgique où il est engagé par l'Institut de Médecine tropicale Prince Léopold d'Anvers, dirigé à l'époque par le Prof. P. G. Janssens qui,  par manque de place, Nationalestraat où l'institut est implanté, le loge dans les locaux du Jardin zoologique, Astridplein, ce qui satisfait pleinement notre vétérinaire qui gardera à jamais des liens privilégiés avec l'institution. Il y étudie l'ascaridiose du poulet.

En 1962, D. Thienpont réoriente sa carrière vers l'industrie pharmaceutique et entre chez Janssen Pharmaceutica.  Nommé chef du Département de Chimiothérapie, il sera à la base du développement de différents produits utilisés en médecine humaine et vétérinaire pour traiter les parasitoses et les mycoses ou encore de substances antiparasitaires ou fongicides utilisées en agriculture.  Citons le tetramizole (1964), le levamisole (1964), le miconazole (1967), le mebendazole (1968), le flubendazole (1968), l'imazalil ( 1969), le closantel (1974) le parconazole (1975) et  le ketoconazole (1976). Certaines substances, tel le mebendazole qui, avec le miconazole,  fut classé par l’OMS parmi les essential drugs est encore toujours, avec l'albendazole, considéré comme l'antihelminthe de référence pour le traitement de ce qu'on nomme les Soil Transmitted Helminths (STH), et en région tropicale, deux cents millions d'enfants malades bénéficient encore actuellement par an d'un traitement au mebendazole, produit délivré gratuitement par la multinationale Johnson & Johnson dont fait actuellement partie la firme Janssen Pharmaceutica.

Après avoir été lauréat du prix Broden en 1955, prix attribué par l'Institut de Médecine tropicale d'Anvers, D. Thienpont obtiendra en 1967 la Johnson Medal for Developement and Research pour l'ensemble de ses travaux.

Signalons qu'en parallèle à sa carrière de chercheur au sein de la firme Janssen Pharmaceutica, D. Thienpont enseignera, à partir de 1966, la parasitologie à l'Institut de Médecine tropicale Prince Léopold d'Anvers.

Il y fut un remarquable professeur, convaincu que les vétérinaires ont un rôle essentiel à jouer dans le domaine de l'alimentation dans les pays en développement. En 1981, au cours d'un symposium consacré à “La malnutrition dans le Tiers-Monde” organisé par l'Académie royale des Sciences d'Outre-Mer, il présenta une communication intitulée “De invloed van parasitosen bij mens en dier op de voedselproduktie”.

Outre plus de cent cinquante publications, Denis Thienpont nous a laissé des collections uniques de clichés scientifiques et de préparations de parasites. Membre de très nombreuses sociétés scientifiques, il devint membre associé de la Classe des sciences naturelles et médicales de l'Académie royale des Sciences d'Outre-Mer en 1977 et passa à l'honorariat en 1984.

Lors de sa mise à la retraite en 1982, à l'initiative de la Janssen Research Foundation et sous les auspices conjoints de la Koninklijke Academie voor Geneeskunde van België et de l'Académie royale de Médecine de Belgique, fut instauré le “Prix Denis Thienpont” pour la parasitologie et la mycologie. Malheureusement, notre Confrère décédera  le 4 novembre 1985 des suites d'une longue maladie, cinq jours avant la première attribution du prix. Celui-ci sera encore délivré ultérieurement à quatre reprises, en 1988, 1991, 1994 et 1997.

 

Jozef Vercruysse et Danielle Swinne
15 juin 2015

 

Publications de Denis Thienpont

La liste complète des publications de D. Thienpont figure dans le texte de l’éloge, prononcé par feu P. G. Janssens et publié dans le Bulletin des Séances de l’ARSOM, 32, 1986, n° 1.

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