BOFONGE (Joseph w’Ekila Esende)

BOFONGE, Joseph w’Ekila Esende (Euli, République Démocratique du Congo Province de l’Equateur, 21 mars 1914 – Mbandaka, 3 décembre 1996), premier bourgmestre congolais de Coquilhatville (Mbandaka, RDC).
 

Autoportrait de 1931 (collection particulière, La Panne)

Josephe Bofonge est né de Bofonge Intuka et de Ekila Efekele à Euli (Yuli), en pleine région où avait sévi la campagne du caoutchouc. Après ses études primaires en 1931 chez les Missionnaires protestants de la Congo Balolo Mission (C.B.M.), il est engagé le 1er janvier 1935 comme Secrétaire-greffier de la Chefferie des Lingoy. Il quitte cet emploi pour Coquilhatville (Mbandaka depuis 1966) où il est engagé le 1er octobre 1945 au Commissariat maritime en qualité de clerc. Le 31 août 1946, le Commissariat maritime est supprimé et Joseph Bofonge est réengagé au Centre Extra-Coutumier de Coquilhatville (C.E.C.). Clerc recenseur à l'état-civil, il fut chargé de la perception des impôts. De là se forgera son expérience pour les responsabilités qui l'attendent.

Le 18 mai 1953, il est nommé Chef du Centre Extra-Coutumier de Coquilhatville. Sous son mandat, la ville connut une intense activité socio-économique. Ce fut pour ainsi dire le début de la modernisation de la ville. Le fait dominant de la politique de Joseph Bofonge fut l'essor de l'enseignement. En guise de reconnaissance, l'autorité coloniale a donné son nom à l'édifice scolaire sur l'avenue Ndoko à Coquilhatville I (Mbandaka I).

Bofonge marqua de son empreinte les manifestations organisées du 28 au 30 septembre 1954 à l’occasion du passage du ministre des Colonies Auguste Buisseret, comme l'atteste la Gazette de l'Équateur, dans la ligne droite de la politique belge de l’époque, `Monsieur Bofonge, […] souhaita la bienvenue à l'illustre visiteur et exprima la conviction que l'intérêt que porte le Ministre aux populations autochtones contribuera à resserrer davantage les liens, déjà solidement établis qui unissent blancs et noirs au Congo et particulièrement à Coquilhatville ».[1]

Le roi Baudouin arriva á Coquilhatville le dimanche 22 mai 1955. Le chef Bofonge prononça un discours inféodé en l'honneur du roi : « Sire, la présence de Votre Majesté au Congo nous offre une fois de plus l'occasion de témoigner à la Belgique, notre loyal et indéfectible attachement et de vous exprimer, Sire, notre reconnaissance, pour les bienfaits innombrables nous apportés par les Belges, nos civilisateurs ».[2] Mais cette déférence ne l’empêche pas d’avancer quelques doléances au cours d'un entretien. Quand le roi lui demanda son opinion sur l'existence des deux cités séparées, l'une pour les noirs en l'autre pour les blancs, Joseph Bofonge répondit qu'il répugnait à cette situation, ainsi qu’à l’interdiction faite aux Noirs de circuler en ville (entendez : quartier européen) au-delà des heures de service..[3]

En 1955 s’introduisit dans la colonie une ‘guerre scolaire’ imitant ce qui se passait en Belgique : elle opposait les écoles catholiques aux écoles officielles. Joseph Bofonge s’engagea à promouvoir l’enseignement officiel laïc emboîtant ainsi le pas à la politique scolaire du ministre des Colonies, le libéral Buisseret, politique adoptée également par le Congo Protestant Council. En 1955 fut ouverte à Coquilhatville une école officielle laïque exclusivement pour enfants européens. Bofonge n’accepta pas cette situation. Ainsi il ne cessa de décrier cette injustice et de dénoncer les écueils qui empêchaient les enfants noirs de s’y inscrire. Le 15 novembre 1955, un groupe d'évolués, parmi lesquels Bofonge, adressa une lettre au ministre Buisseret sollicitant la création d’écoles officielles laïques dans les Centres extra-coutumiers, requête qu’il répéta en 1956 lors d’une nouvelle rencontre avec Buisseret en élargissant l’application à toute la province de l’Équateur. Cet engagement lui valut une invitation à assister à l’inauguration de l’Université officielle d’Élisabethville, le 1 décembre 1956.

En 1957-1959 il est membre du Conseil de la Province de l’Équateur. Il fait partie de la Commission de l’enseignement. Il insiste pour améliorer la qualité des programmes scolaires, surtout des écoles pour filles.

Le 20 septembre 1958, Bofonge fit partie de la délégation de Coquilhatville à l'Exposition universelle á Bruxelles.

À la suite des élections communales du 16 décembre 1958 à Coquilhatville, il est nommé bourgmestre de la Commune de Mbandaka, à l’époque la section congolaise de la ville, mandat qui expira en décembre 1959, à la veille des élections des Conseils communaux des villes et des territoires. Suite à quoi, il préféra se retirer dans son village natal où il est devenu planteur.

 

Stanislas Lufungula Lewono, Université de Kinshasa (RDC) et
Honoré Vinck, ancien directeur du Centre Aequatoria (Bamanya, RDC)

 

24 août 2020

Bibliographie

 

Sources inédites

Archives privées de Bofonge, Mbandaka.

Archives Aequatoria, Bamanya.

Bibliothèque du Congo Indépendant, Tervuren, Comptes rendus des Conseils des Provinces du Congo belge, microfilm A003.

 

Sources publiées

Les périodiques édités à Coquilhatville : Lokole lokiso, Gazette de l'Équateur, Pax et  Mbandaka, conservés dans les Archives Missionnaires du S. Cœur, Borgerhout, Belgique (B), fonds ‘Congo’.

Microfiches des Archives Aequatoria, Périodiques, P 89-117 et P 160-167.

 

Travaux scientifiques

Lonkama (Ch), In memoriam J. Bofonge, Annales Aequatoria 17(1996) p. 460.

Lufungula (L.), Bofonge, premier noir Bourgmestre de Mbandaka, Mbandaka hier et aujourd'hui: éléments d'historiographie locale (Etudes Aequatoria 10) 1990, pp. 119-130.

Lufungula (L.), Histoire politique et administrative de Coquilhatville (Mbandaka) 1933-1960, Thèse de doctorat, Université de Kinshasa, 2013.

 

 


[1] Gazette de l’Equateu, 1 octobre 1954, p. 8 et 15 octobre 1954, p. 11.

[2] Pax, 1955, n. 6, juin, p. 7.

[3] Lufungula, Bofonge premier Noir,  p. 122.

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Tomaison: 

Biographical Dictionary of Overseas Belgians