Mostaert, Antoon (Bruges, 10 août 1881 – Tirlemont, 2 juin 1971), mongolisant et missionnaire.
Fils de Léo Mostaert et Hélène Preis. Après des humanités au Collège Saint-Louis de Bruges, il entre, en 1899, dans le Congrégation du Cœur Immaculé de Marie (dite de Scheut) où il est ordonné prêtre en 1905. Il part pour la Chine et la mission du territoire des Ordos peu de temps après. Il y apprend la langue et réussit peu à peu à se faire accepter par les populations mongoles, qui lui accordent leur confiance. Il peut dès lors exercer un rôle de médiateur dans les différents entre Mongols, mais également assurer un rôle de conseiller à l’occasion de différents problèmes de spoliations des missionnaires. Son engagement envers les populations mongoles est tel qu’il réussit à trouver les soutiens financiers nécessaires à leur lutte contre des usuriers chinois. Il reste 48 ans en Mongolie et ne quitte la Chine que sous la pression communiste. Il séjourne alors aux Philippines, puis aux Etats-Unis, avant de revenir en Belgique en 1965, son activité se ralentissant sous l’effet d’un glaucome.
Son activité missionnaire lui vaut l’appellation d’« apôtre des Mongols », décernée par Pie XI, tandis que les mongolisants le considérent comme le « doyen des études mongoles ». L’une et l’autre de ces activités sont étroitement liées. Ainsi, il s’approprie très rapidement, et de manière autodidacte, la langue mongole dans ses différents aspects et dialectes, plus particulièrement Ordos, Monguor, Santa et Halha. Il traduit en langue mongole différent textes missionnaires, mais publie aussi études de phonétique, de morphologie et de syntaxe, de même qu’un Dictionnaire Ordos, qui font rapidement autorité. C’est également le cas pour les travaux qu’il publie en collaboration ou les éditions, traductions et explications de textes auxquelles il consacre également du temps, passant progressivement de la linguistique à l’ethnographie et à l’histoire des Mongols. Sa profonde connaissance du terrain et ses contacts privilégiés avec la population mongole lui permettent en outre de collecter de nombreux manuscrits mongols.
Membre de nombreuses sociétés savantes et de la Koninklijke Vlaamse Academie van België, il n’occupe pas de fonction professorale permanente à l’université, malgré plusieurs propositions, préférant écrire à enseigner. Ce choix lui permet notamment de publier plusieurs volumes de la collection Scripta Mongolica de l’Institut Yenching de Harvard, de même que de très nombreux articles. Sa correspondance permet de constater l’importance et la variété de son réseau scientifique et amical, de même que la position centrale qu’il exerce jusqu’à sa mort dans le domaine des études mongoles et l’impressionnante reconnaissance que lui accordent ses pairs.
Paul Servais
28 avril 2017
paul.servais@uclouvain.be
Sources publiées
a) Publications de Antoon Mostaert
Mostaert (A.), Le Dialecte des Mongols Urdus (sud). Etude phonétique, in Anthropos, 1926, pp. 851-869 ; 1927, pp. 160-186 ; 1930, pp. 725-727.
Mostaert (A.), Textes oraux Ordos recueillis et publiés avec une introduction, notes morphologiques, commentaires et glossaire, Pékin, Université catholique de Pékin, 1937 (Monumenta Serica Monograph Series I).
Mostaert (A.), Dictionnaire Ordos, Pékin, Université catholique de Pékin, 1941-1944 (Monumenta Serica Monograph Series I).
Mostaert (A.), Folklore Ordos, Pékin, Université catholique de Pékin, 1947 (Monumenta Serica Monograph Series I).
Mostaert (A.), Sur quelques passages de l’Histoire secrète des Mongols, Cambridge (Mass.), Harvard Yenching Institute, 1953.
Travaux scientifiques
Van Hecken (J.L.), A. Mostaert C.I.C.M. (1881-1971). Apôtre des Mongols et Doyen des Etudes mongoles, in Neue Zeitschrift für Missionswissenschaft, 1972, pp. 30-43 ; 81-94 et 185-199.
Van Hecken (J.L.), Mostaert, A., in Nationaal Biografisch Woordenboek, t. 7, Bruxelles, 1977, col. 622-634.
Biographical Dictionary of Overseas Belgians