Ecrivain (Mons, 9.08.1899 – Keerbergen, 17.08.1976).
R.-J. Cornet nous a laissé une œuvre littéraire du plus haut intérêt retraçant l’atmosphère de l’Afrique des grands pionniers, des hommes qui osèrent entreprendre. Cette vocation trouve, sans aucun doute, ses racines dans l’action de son père, le grand savant Jules Cornet, qui jeta les bases de toute la géologie de l’Afrique centrale. Faut-il rappeler également l’œuvre scientifique de son grand-père François-Léopold Cornet qui, avec son ami Alphonse Briart, allait apporter aux sciences géologiques un bouquet de découvertes de la plus haute importance.
Après avoir acquis son Doctorat en Droit à l’Université de Gand en 1923, R.-J. Cornet s’inscrit l’année suivante au barreau de Mons mais très rapidement, il sera plongé dans les activités coloniales en entrant dans le groupe de l’Union Minière du Haut-Katanga comme conseiller, attaché à la Direction. En 1929, il devint fondé de pouvoir de la Société générale métallurgique d’Hoboken (département radium et uranium). Il quitta le barreau en 1934 pour se consacrer professionnellement à ses tâches de commissaire et administrateur de plusieurs sociétés.
Dans son évocation à la mémoire de R.-J. Cornet, J. Stengers (1977) rappelle son importante et abondante production littéraire. Nous épinglerons : Katanga (1943), qui relate l’expédition Bia-Francqui-Cornet; La bataille du rail (1947) qui retrace les péripéties de la construction du Chemin de fer Matadi-Léopoldville ; Terre Katangaise (1950) écrit à l’occasion du jubilaire du Comité Spécial du Katanga (CSK) ; Maniema (1952), ouvrage en deux tomes dont le premier est un hommage aux pionniers qui contribuèrent au développement de cette région et le second, plus technique, traite de l’activité de la Symetain (Maniema, le pays de l’étain) ; Les phares verts (1965) et Bwana Muganga (Hommes en blanc en Afrique noire) en 1971, ouvrages consacrés l’un à l’agronomie, l’autre à la médecine, et qui témoignent de l’action des Belges au Congo.
Il allait également s’attacher à la traduction de divers ouvrages en anglais traitant du Congo : «New Congo» de Marvel, «From Leopold to Lumumba» de Marteli.
Des portraits allaient compléter son œuvre comme celui plein de délicatesse consacré à son père (Jules Cornet intime, 1945) et ceux consacrés à la reine Elisabeth (1968) et aux grands entrepreneurs qui firent le Congo et l’expansion économique de la Belgique à la fin du XIXe siècle (J. Jadot, un grand artisan du Katanga).
Certains opuscules rappellent le rôle de nos Souverains dans l’action de la Belgique au Congo. Il évoque le vieux roi Léopold II préoccupé de cet empire africain qu’il avait fait sien et qu’il allait fraire belge. Il parle du voyage du prince Albert au Congo en 1909, la prise de contact avec le Katanga, avec ce qui deviendrait un jour Elisabethville. Il souligne l’action de la reine Elisabeth vis-à-vis des populations locales avec la création du FOREAMI (Fonds d’Assistance Médicale aux Indigènes). Il évoque le dernier voyage de la Reine au Congo en 1958 peu avant l’indépendance «Kwaheri, mama…». On aperçoit ainsi fort bien tout au long de cet hommage à la reine Elisabeth son attachement à l’Afrique.
R.-J. Cornet, écrivain des pionniers du Congo, s’est vu honorer par de nombreux prix littéraires. En 1953, le prix international Erckmann-Chatrian de la Société des gens de Lettres de Paris ; en 1954, le prix des bibliothèques publiques pour son livre sur le Maniema ; en 1959, le Prix franco-belge de l’Association des Ecrivains de langue française (Mer et Outre-Mer) pour l’ensemble de son œuvre.
En 1965, il reçut le prix quinquennal de la province du Hainaut, distinction qui honore avec R.-J. Cornet une famille hennuyère particulièrement célèbre dans le domaine des sciences et des arts.
A plusieurs reprises, il se rendit au Congo et dans les contrées limitrophes comme l’Angola. Il put ainsi parfaire sa documentation pour ses ouvrages qui représentent une somme de recherche impressionnante.
R.-J. Cornet, attentif aux actions menées outre-mer, était confondateur de la Revue coloniale belge et de la revue Belgique d’Outre-mer. Il était membre d’honneur de la Société Géographique d’Anvers, membre de l’Académie Royale des Sciences d’Outre-Mer et de l’Académie des Sciences d’Outre-Mer de France.
En juin 1999, l’auteur de cette notice a eu l’occasion de pouvoir converser avec les enfants de R.-J. Cornet et de pouvoir ainsi mieux percevoir les qualités humaines de ce grand chroniqueur.
Bibliographie : Katanga. Ed. L. Cuypers, 384 pp. (1943). — Jules Cornet intime. Ed. L. Cuypers, 47 pp. (1945). — Terre Katangaise, cinquantième anniversaire du Comité Spécial du Katanga (C.S.K.). Ed. M. Lesigne, 309 pp. (1950). — Jean Jadot, un grand artisan du Katanga. Ed. L. Cuypers, 27 pp. (1950). — Maniema, le pays des mangeurs d’hommes. Ed. L. Cuypers, 347 pp. (tome I) (1952). — La bataille du rail, la construction du chemin de fer de Matadi au Stanley Pool. Ed. L. Cuypers (4e édition revue et augmentée), 413 pp. (1958). — Les phares verts. Ed. L. Cuypers, 234 pp. (1965). — Hommage à la Reine Elisabeth. Biographie belge d’Outre-Mer, T. VI, pp. X-XXV (1968). — Bwana muganga (Hommes en blanc en Afrique noire. Mém. Acad. R. Sci. Outre-Mer, Cl. Sci. mor. et pol., 335 pp. (1971).
5 mai 2000.
J.-M. Charlet
Sources : Stengers , J. 1977. René-Jules Cornet. Bull. Acad. R. Sci. Outre-Mer, 1: 53-57.
Académie Royale des Sciences d'Outre-Mer
Biographie Belge d'Outre-Mer,
T. IX, 2015, col. 60-61