GOFFIN (Clémence)

GOFFIN, Clémence (Bruxelles, 26 février 1826 – Bruxelles, 4 février 1906), philanthrope.

Clémence Goffin est la fille d’Edouard Guillaume Goffin, propriétaire de la Société des Forges et Fonderies de Clabecq et bourgmestre de Berchem-Sainte-Agathe. Dès 1887, elle devient copropriétaire, puis l’une des actionnaires principales des Forges désormais constituées en société anonyme. Elle épouse le député libéral Charles Chrétien de Rongé (1822-1879), issu d’une famille d’industriels du textile (Société anonyme de Loth pour la filature et la fabrication des tissus en laine peignée). Clémence Goffin est par ailleurs apparentée à divers membres de la bourgeoisie d’affaires belge, entre autres autour de la Société générale. Elle bénéficie d’une fortune personnelle (elle est notamment propriétaire d’un domaine de 15 ha à Laeken qui sera revendu à Léopold II) et d’un  réseau de relations étendu dans les milieux politiques et d’affaires.

Comme la plupart des femmes de la haute bourgeoisie de l’époque, Clémence Goffin tient salon. Elle y reçoit les coloniaux de la première heure, parmi lesquels le lieutenant Charles Lemaire (1863-1925). En1898, à la suggestion de ce dernier, elle décide de parrainer, avec l’appui du Dr Gustave Dryepondt (1866-1932) et du major Arthur Pétillon (1855-1909), un établissement hospitalier pour les coloniaux rentrés malades ou affaiblis de leur séjour au Congo. Tandis que son époux crée avec Lemaire un comité de patronage, Clémence Goffin lance le mouvement de mécénat en faisant don de 10.000 francs pour l’aménagement de la « Villa coloniale » de Watermael. Elle préside le comité d’honneur qui se charge de la fondation de ce centre de soins et de convalescence.

La Villa coloniale, dite aussi Villa Sanatorium, comprend un pavillon pour quelques patients, une salle de réunion, un laboratoire et une pharmacie. Les malades y sont logés, nourris et soignés gratuitement, grâce au soutien de l’Etat belge et de compagnies commerciales actives au Congo. Dirigée par le Dr Emile Van Campenhout (1865-1956), également directeur de l’Ecole de médecine tropicale de Bruxelles, ce sanatorium est, à la veille de la reprise de l’EIC par la Belgique, l’un des deux hôpitaux (avec Anvers) où les patients atteints de maladies tropicales peuvent être soignés aux frais de l’Etat par des médecins ayant travaillé en Afrique. La guérison de deux agents atteints de la trypanosomiase humaine en 1906 assoit sa réputation. L’implantation de la Villa coloniale permet en outre à l’Ecole de médecine tropicale d’y donner des cours cliniques en complément des cours théoriques dispensés à l’ancien Observatoire.

 

Anne Cornet
Musée royal de l’Afrique centrale
26 août 2014
anne.cornet@africamuseum.be

 

Sources publiées

Bevel (M.L.), Dictionnaire colonial (Encyclopédie), Bruxelles, Guyot, 1950, p. 95.

Choses du Congo. La villa coloniale. Le projet belge, in La Réforme, 10 juillet 1898.

Congo-Noël, publié au profit de la Villa coloniale (Sanatorium de Watermael), Bruxelles, Editions Rein, 1902, pp. 11-12.

Duren (A.), Historique de la fondation de la Villa coloniale de Watermael, in Tribune congolaise, 8 février 1906 et 15 février 1906.

La Tribune congolaise, 8 février 1906 et 15 février 1906.

 

Travaux scientifiques

Depaepe (J.-L.) et Raindorf-Gerard (C.), eds., Le Parlement belge, 1831-1894. Données biographiques, Bruxelles, 1996.

Delporte (L.), Brohée (C.) et Jacquemin (M.), Chronologie des Forges, site internet du Musée de la Porte à Clabecq, consulté le 16 janvier 2012.
(www.museedelaporte.be/2010/10/05/Chronologie-des-forges-ar-luc-delporte-madeleine-Jacquemin)

Engels (A.), Goffin Clémence, épouse de Rongé, in Biographie coloniale belge, Vol. 3, Bruxelles, ircb, 1952, c. 371-372.

Ergo (A.B.), L’héritage de la Congolie, naissance d’une nation en Afrique centrale, Paris, 2007, pp. 91 et 193.

Goffin (R.), Recherches généalogiques sur la famille Goffin de l’Entre-Sambre-et-Meuse (autrefois Jamin), Nivelles, Havaux, s.d. [1950-1960].

Meeuwissen (E.), Fortunes de Belgique. Jules Joseph Mathieu, seigneur de Wynendaele, in Le Soir, 2 août 1996, pp. 6-7.

 

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Biographical Dictionary of Overseas Belgians