Boné Georges (Bruxelles, 18 avril 1914 —Bruxelles, 12 juin 1995), médecin, zoologiste, professeur, chercheur.
Ainé de 4 enfants, il fait ses études secondaires au collège Ste Marie à Bruxelles puis obtient le diplôme de docteur en médecine à l’ l’Université Catholique de Louvain (ucl) en 1938. Son père, né en 1882, le docteur Georges Boné, pratiquait la dentisterie à Bruxelles. Son frère, Edouard, deviendra jésuite et recteur des Facultés Notre Dame de la Paix à Namur. Il est réputé comme théologien et paléontologue. Yvonne, sa sœur, aura avec M. Scheuer, cinq fils parmi lesquels deux Jésuites, Jacques, spécialiste des Indes et professeur à l’ucl et Michel, criminologue qui fut, lui aussi recteur aux Facultés de Namur avant de terminer sa carrière au Liban.
Dans cette ambiance familiale académique et internationale, Georges est tenté par la médecine tropicale et entame la formation de l’imt à Anvers.
Passionné de zoologie, il entame à Louvain, chez Henri Koch, un doctorat en Sciences qu’il obtient en 1942. C’est chez Jérôme Rodhain à l’Institut de Médecine tropicale d’Anvers (imt) qu’il se met de 1941 à 1944 à l’étude des tiques.
En 1945, l’imt l’envoie à Léopoldville faire un intérim de deux ans à l’Institut Princesse Astrid pour parer au défaut de recrutement. Après avoir visité les principaux laboratoires de la Colonie, il est envoyé à Accra (Côte d’Or, actuellement Ghana) pour y présenter les réalisations belges dans le secteur du laboratoire médical au Congo.
En 1947, il est nommé chargé de cours à l’imt où il rencontre Liliane Parkinson, citoyenne britannique, qui y suit les cours. Ils se marient cette même année. Ils auront deux enfants, Micheline (1949) née à Anvers et Annick (1956) née à Elisabethville.
A l’Institut d’Anvers, le décès inopiné de Lucien Van Hoof et le départ définitif de Louis Van den Berghe au Congo pour y fonder l’Institut de Recherche scientifique en Afrique Centrale (irsac), le propulsent en 1948 aux responsabilités de professeur et chef de service de protozoologie médicale de l’imt. Cependant au Congo, l’ irsac a besoin de chercheurs pour lancer, sous la houlette de Van den Berghe, son directeur, un programme ambitieux : “L’étude globale de l’environnement humain, zoologique et botanique”. Boné choisit alors le Congo et donne sa démission à l’imt.
A partir de juillet 1950, il remplace pendant un an le directeur de l’irsac en mission. A Lwiro, les bâtiments du centre irsac sont en plein développement. Il dirige les travaux à partir de Bukavu, avec de fréquentes visites des chantiers.
De 1952 à 1968, Boné occupe le poste de Chef du Centre irsac d’Elisabethville. Il y supervise l’élaboration des plans, la construction et l’équipement des laboratoires.
Ce Centre, promis à devenir un laboratoire parastatal, devait trouver sa place à côté d’infrastructures étatiques comme l’Université et l’Union Minière. Malheureusement, le budget, pourtant quasi illimité de l’irsac, ne permet pas au laboratoire d'Elisabethville une extension des activités à la mesure de la taille des bâtiments.
A côté de l’administration, le chef du Centre doit assurer la direction scientifique d’une équipe de chercheurs composée alors de Maurice Steinert (parasitologie), Guy Parent et Jean Close (chimie, nutrition). Avec Steinert, il prend le trypanosome comme principal modèle expérimental en biologie. C’est un choix judicieux, l’étude du génome des trypanosomes prend sa source à l’irsac d’ Elisabethville. Elle s’y amplifiera au fil des années et se poursuivra à l’Université libre de Bruxelles pour aboutir en 1996 au prix Francqui d’Etienne Pays, élève de Steinert.
En 1959, Boné s’intéresse à l’Université et participe à Yangambi à la tentative de démarrage de “l’entente scientifique”, coopération de l’Université officielle du Congo, de l’Université Lovanium, de l’ irsac et de l’ineac. Il devient professeur à l’Université officielle du Congo (uoc) en 1959. Il y enseigne la physiologie générale sous le dynamique recteur Joachim Frenkiel, de Liège.
Georges Boné et sa femme apprécient la vie à Elisabethville. Ils sont très liés avec le noyau d’intellectuels et d’artistes qui organisent la vie culturelle à Elisabethville, avec le groupe d’architectes Yenga et Claude Strebelle, l’architecte qui construisit le centre culturel de Elisabethville puis le campus du Sart-Tilman à Liège ainsi qu’avec le journaliste Evariste Kimba qui sera exécuté par Mobutu en 1966.
En juin 1960, c’est l’indépendance du Congo et la sécession du Katanga. Les Boné évacuent leurs enfants et restent sur place pour participer au service médical. Les soucis découlant de la tension, les barricades de sacs de sable, la dislocation du cadre familial atteignent le moral de Georges Boné. Un infarctus du myocarde l’oblige à se reposer, d’abord sur place et dès il y a moyen de quitter la ville, en Belgique et en Angleterre.
Rétabli, il enseigne jusqu’en 1967 la parasitologie à l’ uoc comme titulaire de la chaire. En 1968 et 1969, il y revient comme professeur visiteur.
A l’irsac, il continue à assumer ses responsabilités de chef de Centre en accueillant les visiteurs avec son habituelle efficacité : Bernard Latteur, zoologiste de Louvain pour l’étude des ciliates de l’intestin des ruminants africains ; Meir Yoeli de l’université de New-York pour étudier l’histoire naturelle des plasmodiums de rongeurs sauvages et de leurs vecteurs alors récemment découverts par Ignace Vincke.
En1968, c’est le retour en Belgique. Il est repris par la Faculté de Médecine de l’ucl où il entre à l’Ecole de Santé Publique qui vient d’être fondée par Jean Gillet. Jusqu’à son éméritat, en 1984, il assure le cours de biologie (zoologie et botanique) pour la dentisterie. Il poursuit, avec des étudiants, ses travaux sur les trypanosomes et les plasmodiums en épousant les priorités du moment: diagnostic, traitement de la maladie du sommeil et vaccin contre le paludisme. Pour les trypanosomes, il met au point un test d’hémagglutination en capillaire pouvant servir au diagnostic précoce de la maladie du sommeil (test de Boné). L’oms l’envoie évaluer son test sur le terrain au Burkina Faso et au Cameroun entre 1973 et 1976.
Il reste, jusqu’à son décès, membre assidu des sociétés belges et anglaises de Médecine tropicale, de Biochimie et de Protozoologie.
Marc Wéry
6 juin 2012
Professeur émérite de l’Institut de Médecine tropicale
Sources
Irsac : rapports annuels 1950-1960
Souvenirs personnels : Congo (Lovanium 1969), Anvers (Imt 1973-1976), Bruxelles (Ucl Ecole de Santé publique, années 1980-1990)
Madame Boné-Parkinson : 1996, interview préparation éloge
Prof. Maurice Steinert : 1996, interview préparation éloge
Madame Micheline Chamard-Boné échange mails mars 2012
Bibliographie
Boné (G.) Contribution à l’étude de la transmission de la fièvre récurrente tropicale.
II. Essai de transmission du spirochète de Dutton par divers ectoparasites. In Annales de la Société belge de Médecine tropicale 19, 1939, pp. 477-484.
Boné (G,) Koch (H.J.) Le rôle des tubes de Malpighi et du rectum dans la régulation ionique chez les insectes. In Annales de la Société Royale de Zoologie de Belgique, 73, 1942, pp.77-87.
Boné (G.) Regulation of the sodium-potassium ratio in insects. In Nature (London), 160, 1947, pp. 679-680.
Steinert (M.), Boné (G.) Induced change from culture form to blood-stream form in Trypanosoma mega. In Nature (London), 178, 1956, p. 362.
Boné (G,) Parent (G.) Stearic acid, an essential growth factor for Trypanosoma cruzi. In Journal of General Microbiology 31, 1963, pp. 261-66.
Yoeli (M,) Most (H,) Boné (G.) The natural history of Plasmodium berghei in the field and under experimental conditions. In Annales de la Société belge de Médecine tropicale 45, 1965, pp. 267-272.
Boné (G,) Charlier (J.) L’hémagglutination indirecte en capillaire: une méthode de diagnostic de la trypanosomiase applicable sur le terrain. In Annales de la Société belge de Médecine tropicale 55, 1975, pp. 559-66
Biographical Dictionary of Overseas Belgians