LADEUZE, Paulin (Harvengt, 3 juillet 1870 – Louvain, 17 juin 1940), Spécialiste de l’Orient chrétien, professeur, puis recteur de l’Université catholique de Louvain.
Issu d’une famille de fermiers du Hainaut, il fait ses humanités au Collège et petit Séminaire de Bonne-Espérance, dirigé par son oncle, le chanoine Florimond Ladeuze, puis y poursuit sa formation de philosophie, avant les années de théologie du grand Séminaire de Tournai. Son évêque l’envoie ensuite à Louvain où il obtient le grade de docteur en théologie en 1898 avec une thèse sur le monachisme copte, sous la direction d’Adolphe Hebbelynck.
Ce dernier ayant été nommé recteur de l’Université catholique de Louvain la même année, Ladeuze est nommé pour le remplacer comme professeur de patrologie, de langue et de littérature copte et d’Ecriture Sainte. En 1900, il reprend également les cours d’exégèse du Nouveau Testament de Mgr T.J. Lamy.
Il assume les fonctions de secrétaire de la revue Le Muséon de 1898 à 1902 et participe à la fondation, en 1900, de la Revue d’Histoire ecclésiastique, dont il assume la co-direction, avec Alfred Cauchies, jusqu’en 1909, date de sa nomination comme recteur de l’Université catholique de Louvain, suite à la démission de son prédécesseur. Cette nomination, fortement soutenue par le Cardinal D.J. Mercier, déclenche cependant une crise avec Rome, qui le soupçonne de « Modernisme ». Il occupe néanmoins cette fonction jusqu’à sa mort en juin 1940 et assume la lourde tâche de la direction de l’université durant la Première Guerre mondiale, de sa reconstruction dans les années vingt, puis de son développement important dans les années trente, révélant un talent rare d’administrateur et de bâtisseur.
La réaction romaine est en lien direct avec le travail scientifique effectué par Ladeuze. C’est que ses recherches et les articles qu’il publie alors, comme les thèses qu’il promeut, le classent parmi les défenseurs de la méthode historico-critique. Entreprises le plus souvent dans le cadre de la préparation de ses cours, elles l’orientent d’abord vers l’étude des origines littéraires du Magnificat, puis vers celles du 4e Evangile. Sa nomination au rectorat met pratiquement fin à sa carrière proprement scientifique. Toutefois, il continue, dans ses nouvelles fonctions à soutenir les tenants de la méthode qui lui avait valu ces difficultés. En outre, il continue à suivre de près les revues scientifiques auxquelles son nom est attaché et encourage le développement d’autres entreprises majeures : les Ephemerides Theologicae Lovanienses, le Spicilegium Sacrum Lovaniense, le Corpus Scriptorum Christianorum Orientalium (1913), le Musée Biblique (1912), l’Institut orientaliste (1936).
Il devient membre de l’Académie royale de Belgique en 1919, titularisé en 1922.
Paul Servais
28 avril 2017
paul.servais@uclouvain.be
Sources publiées
a) Publications de Paulin Ladeuze
Ladeuze (P.), Etude sur le cénobitisme pakhomien pendant le IVe siècle et la première moitié du Ve, Louvain, 1898.
Ladeuze (P.), La résurrection du Christ devant la critique contemporaine, Louvain, 1907.
Travaux scientifiques
Coppens (J.), Paulin Ladeuze, orientalist en exegeet 1870-1940 : een bijdrage tot de geschiedenis van de bijbelwetenschap in het begin van de XXe eeuw, Brussel, Koninklijke Vlaamsche Academie voor Wetenschappen, Letteren en Schoone kunsten van België, 1941.
Descamp (A.), Ladeuze, Paulin, in Biographie Nationale, Supplément, t. 11, Bruxelles, 1976, col. 541-563.
Lefort (L.T.), Notice sur Paulin Ladeuze, membre de l’Académie, in Annuaire de l’Académie royale de Belgique, 1954, pp. 1-35.
Courtois (L.), Paulin Ladeuze (1870-1940) : jeunesse et formation (1870-1898), vie et pensée d'un exégète catholique au temps du modernisme (1898-1914), Louvain-la-Neuve, 1998, thèse de doctorat inédite.
Biographical Dictionary of Overseas Belgians