VANBREUSEGHEM, Raymond (Monceau-sur-Sambre, 21 décembre 1909 ─ Bruxelles, 27 novembre 1993), médecin, parasitologue, mycologue.
Fils d'Arthur et d'Emilia Lassoie, Raymond Vanbreuseghem naquit à Monceau-sur-Sambre, une commune industrielle de l'arrondissement de Charleroi.
C'est en 1934 que débute sa carrière. Cette année-là, il obtient avec grande distinction, le diplôme de docteur en médecine, chirurgie et accouchements à l'Université de Liège ainsi que le diplôme de spécialisation en médecine tropicale à l'Institut de Médecine tropicale d'Anvers (IMT) avec la plus grande distinction. Il est aussi élu lauréat du concours des bourses de voyage du gouvernement et dans la foulée, il s'embarque en fin d'année pour le Congo belge en Afrique centrale où il restera jusqu'en 1946.
A son arrivée, il occupe, et ce jusqu'en 1937, le poste de médecin directeur du Centre antilépreux de la Congo Red Cross (CRC) situé à Pawa. Ses recherches portent principalement sur le diagnostic et le traitement de la lèpre comme l’attestent ses premières publications.
De 1938 à 1946, il travaillera comme médecin-chef de la Société Symétain, société minière installée au Maniema. Son intérêt pour la lèpre va l'orienter vers la dermatologie générale puis l'amener à s'intéresser aux infections fongiques, plus particulièrement aux teignes et à leurs agents.
En 1946, dès son retour en Belgique, encouragé par le professeur Albert Dubois, directeur de l’IMT, Vanbreuseghem valorise son expérience en dermatologie avec un intérêt tout particulier pour les champignons potentiellement pathogènes, agents de mycoses superficielles.
En 1950, il séjourne à Paris et fréquente le laboratoire du professeur Maurice Langeron, chef du laboratoire de mycologie de la Faculté de Médecine de Paris, qui n'hésite pas à l'associer comme coauteur de la seconde édition de son Précis de Mycologie (1952).
De cette époque datent de nombreux travaux sur le diagnostic des dermatophytoses, la culture des dermatophytes in vitro sur cheveux isolés et la mise au point d'une technique biologique d'isolement de dermatophytes du sol. Vanbreuseghem est à cette époque (1949-1954) chercheur associé de l'Institut pour la Recherche scientifique en Afrique centrale (IRSAC) et est basé à l'Institut de Médecine tropicale à Anvers.
Devenu agrégé de l'Université libre de Bruxelles (ULB) en 1952, il y est nommé professeur en 1954 et, après avoir fondé un laboratoire de parasitologie, il y enseignera en faculté des sciences ainsi qu'en faculté de médecine jusqu'à sa retraite, en 1981. Ses cours font la part belle à la parasitologie tropicale qu'il connaît fort bien ainsi qu'à la mycologie médicale qui demeure son domaine de prédilection en matière de recherche.
En parallèle, il est appelé à diriger un laboratoire de mycologie médicale créé à l'IMT en 1955. Nommé professeur en 1961, il organise, avec l'appui du professeur Pieter Gustaaf Janssens, directeur de l'institution, un cours de spécialisation en mycologie médicale et vétérinaire, cours à caractère international qu'il donnera jusqu'à sa retraite en 1981. Cet enseignement, des centaines d'élèves, médecins, biologistes, pharmaciens, agronomes, techniciens de laboratoire, belges ou venus du monde entier, l'ont suivi.
Le flambeau sera repris par ses collaborateurs et le cours sera encore donné jusqu'en 2010 dans la maison-mère à l'IMT pour être ensuite tranféré extra-muros à la Katholieke Universiteit Leuven (KUL) où il est encore actuellement dispensé sous une forme plus adaptée à l'enseignement d'aujourd'hui.
Enseignant hors pair, Raymond Vanbreuseghem faisait salle comble, que ce soit à Bruxelles ou à Anvers. Il avait l'art de captiver son auditoire. Ses cours étaient bien documentés, richement illustrés de clichés cliniques qu'il prenait lui-même au cours de ses nombreuses missions en région tropicale. Pionnier en la matière, il attribuait autant d'importance à l'enseignement théorique qu'aux exercices pratiques, ce qui donnait à ses étudiants une formation complète. Invité aux quatre coins du monde, il multiplia les cours, les conférences et les enquêtes sur le terrain. Citons, parmi les multiples distinctions obtenues, qu'en 1979 il fut nommé docteur honoris causa de l'Université de Montpellier.
Il s'était entouré d'un cercle de chercheurs dont les centres d'intérêt couvraient toute la mycologie médicale. Grâce à lui, l'école belge de mycologie médicale acquit ainsi peu à peu une renommée internationale qu'il veillait à entretenir.
Il fut membre fondateur de l'International Society for Human and Animal Mycology (ISHAM) en 1953 et en a été le premier secrétaire général de 1954 à 1968 et le président de 1969 à 1972.
En 1964, il fonda la Société belge de Mycologie médicale et vétérinaire (SBMHA) dont il fut le premier président. Il était membre d'une trentaine de sociétés scientifiques nationales et internationales.
Il organisa trois colloques internationaux à l'IMT en 1963, en 1972 et en 1978.
Voyageur infatigable, Vanbreuseghem était donc très souvent «entre deux vols» mais il trouva néanmoins le temps d'écrire, et sa bibliographie ne compte pas moins de 377 articles dont une dizaine d'ouvrages couvrant tous les domaines de la mycologie médicale. Epinglons tout particulièrement son Précis de Mycologie médicale et vétérinaire, sorti en 1966, qui reste encore à ce jour un ouvrage de référence.
Raymond Vanbreuseghem était membre titulaire de l'Académie royale de Médecine, de l'Académie royale des Sciences d'Outre-Mer (ARSOM). Président de cette Académie en 1980, il assuma également la fonction de secrétaire perpétuel suppléant en 1980 et 1981.
Homme de science, il était très cultivé, s'intéressait aux arts, aux lettres — il avait une passion pour Paul Valéry. Il collectionnait les musiques du monde entier, enregistrées bien souvent par lui-même au cours de ses nombreux voyages.
Libre-penseur, il s'éteignit à Bruxelles à l'âge de 84 ans, fidèle à ses convictions philosophiques. Ironie du sort, ce jour-là se tenait à Paris la première réunion de la «Confédération européenne de Mycologie médicale» (ECMM), une initiative qu'il avait vivement encouragée.
Swinne, Daniëlle
8 septembre 2017
Sources inédites
Archives de l'Académie royale des Sciences d'Outre-Mer.
Sources publiées
La liste bibliographique de Raymond Vanbreuseghem, arrêtée au 1er novembre 1982, a été publiée in extenso par l'Académie royale des Sciences d'Outre-Mer, Hommage au Secrétaire perpétuel honoraire Raymond Vanbreuseghem, 1983, 72 pp.
Biographical Dictionary of Overseas Belgians